MATÉRIEL de SPAGIRIE II

      Un autre mot qui évoque un écho dans la mémoire d’un candidat spagiriste est CORNUE.
Nous n’y ferons qu’une brève allusion.
Nous parlons toujours d’extraction de l’huile essentielle (HE) des plantes, ce qui suppose d’introduire dans la partie chauffée de l’eau et du végétal. La cornue classique, monobloc et à bec fin [Images A B C] n’est pas du tout adaptée à recevoir de la plante. 
J’ai cependant vu chez M. Marcadet (voir « Les adresses ») de magnifiques cornues de 6 litres en céramique dont la partie haute était amovible (joint à luter pour l’usage). J’ai également manipulé une cornue ouvrante en plomb [Image D], véritable pièce de musée dont l’usage (distillation de fleurs) était clairement indiqué.
Ce ne sont évidemment pas des instruments destinés aux débutants et nous fermerons donc ici le chapitre « cornues ».
     Avant de continuer, il y a lieu de vous inviter à relire les articles précédents concernant les plantes, car je dois souvent me répéter et vous présenter inutilement des illustrations qui y figurent déjà.
2005 : Extraction du soufre des plantes.
2006 : Réfrigération.
2007 : Stage de travail sur les plantes I.
Stage de travail sur les plantes II.
2008 : Le sel des plantes.

Purification de l’huile essentielle :

L’HE se dissout dans l’alcool, nous allons profiter de cette propriété pour purifier notre récolte.
L’HE récupérée dans le tube du séparateur d’huile peut être souillée par des particules minuscules de végétal apportées par le jet de vapeur. La première chose à faire est de l’additionner de 10 à 20 fois son volume d’eau très pure, de secouer énergiquement le mélange. Le verser ensuite dans une ampoule, (il en existe un grand nombre de formes et de capacité) et laisser 24 heures la séparation se faire. Vider l’eau avec précaution, la remplacer et refaire l’opération précédente.

Cette HE est ensuite dissoute dans de l’alcool à 90° du commerce. Cet alcool n’a ici qu’une fonction mécanique de séparation de l’HE et des particules qui y sont insolubles. Nous n’utilisons pas d’alcool à brûler ici, à cause de son odeur. Ce mélange alcool-HE ayant reposé 24 heures dans une ampoule, on évacue par le bas le tout petit volume sensé contenir les dernières impuretés.Pour ne rien perdre, gardez-le pour l’ajouter à vos plantes si vous effectuez plusieurs séparations identiques de suite.

Pour obtenir l’HE elle-même à l’état pur, il faut se débarrasser de l’alcool. Toujours dans une ampoule, on ajoute beaucoup d’eau pour réduire très fortement le titre de l’alcool.L’HE, n’y étant plus soluble, se rassemble en haut de l’ampoule. Après 24 heures pour laisser la séparation se faire, il suffit d’évacuer l’eau (si elle est parfumée elle peut s’ajouter à votre bain) qui vient en premier, et de recueillir ensuite dans un flacon teinté l’HE, à conserver à l’abri de la chaleur.Pour cette étape, nous conseillons l’achat de deux ampoules, [Image E] une grosse d’un bon litre de capacité et une autre de 250 ml. Cet investissement raisonnable se conjugue avec le statif et les pinces acquis pour les opérations précédentes.

Cette HE diluée avec de l’alcool de vigne devient un mélange de soufre et de mercure. Il nous manque encore le sel.

Obtention du sel

Il est possible de partir de plante brute de cueillette, sèche, ou (avec l’équipement proposé depuis le début) de la plante déjà épuisée de son soufre. Dans les trois cas, on dispose en principe d’une quantité de végétal suffisante pour obtenir une petite portion de sel blanc (ou presque blanc).

Ne traitant dans cette suite d’articles que de l’investissement de début pour un spagiriste qui désire produire des HE, nous n’avons rien à ajouter. En effet (si vous avez lu nos articles précédents), vous avez constaté que nous employons de préférence du matériel de cuisine : bocaux, poêle pour la calcination, etc.
Il vous faut donc en premier, sécher vos plantes (au four de cuisinière réglé très bas en température) pour les rendre friables entre vos mains.

Dans cet état, il faut les calciner pour détruire et retirer le carbone. Avec précaution et par petites quantités, on imbibe d’alcool à brûler (vous avez bien lu) la plante et on y met le feu en l’ayant préalablement placée dans une casserole recouverte d’un bout de grillage (des petits morceaux enflammés peuvent s’en échapper sans cela). Répétez cette opération (odorante) à l’air libre, jusqu’à épuisement de votre provision de végétal et regroupez toute la cendre obtenue.
Vous disposez alors d’une cendre contenant encore beaucoup de carbone noir. Il vous faut la passer au tamis en l’écrasant et renouveler l’opération de combustion avec de l’alcool. Ensuite, il vous faudra par une calcination prolongée (plusieurs jours au besoin), dans un plat céramique non vernissé, et en empêchant la cendre d’attacher, la faire passer au gris très clair.

On passe ensuite à la séparation-récupération du sel blanc.
Dissoudre la cendre dans de nombreuses bouteilles d’eau (non calcaire). Laisser déposer les impuretés deux ou trois jours et siphonner la partie laiteuse du liquide (ne pas incliner les bouteilles pour ne pas remélanger le liquide). Je ne considère pas comme un investissement le dispositif de siphonage du commerce. Vous pouvez le remplacer par le mini-bricolage [Images F et G] qui vous permet, en soufflant brièvement dans le tube, d’amorcer le siphon. Recueillir l’eau dans un récipient disposé plus bas que le fond de la bouteille, pour que le siphon ne se désamorce pas. Le fil de fer glissé dans le tuyau n’a d’autre but que de l’empêcher de se tordre dans tous les sens. Ne pas chercher à retirer l’eau trop près du dépôt (les fonds seront à réunir dans une autre bouteille qui, après repos, sera siphonnée).

      Il faut refaire trois fois ces opérations de décantation-siphonage pour disposer d’une quantité d’eau ne contenant en principe que « notre sel » (opérations longues, mais travail effectif très réduit laissant du temps pour d’autres occupations). Il faut réduire ce volume d’eau, lentement vers la fin, pour ne pas avoir de projection de sel. On change de récipient au fur et à mesure de la réduction du volume à évaporer. Ne pas laisser durcir ce sel et surveiller qu’il n’attache pas au récipient.
Certains iront plus loin dans la purification en plaçant leur sel sur une vitre en pente, dans une cave, pour recueillir « l’eau des anges » qui se forme. Il reste parfois encore des impuretés sur la vitre. L’eau des anges évaporée lentement, presque à la température ambiante, restitue un sel très blanc.L’élixir :
Il ne vous reste plus rien à investir pour avoir votre élixir. Vous avez les trois constituants.
Je ne parlerai pas de la « pierre végétale », c’est pour moi une chose superflue. C’est comme un même médicament qui peut être prescrit sous forme de sirop, de poudre à dissoudre dans l’eau, de pilule, de cachet ou de gélule.
C’est une affaire de choix, mais je respecte bien entendu celui des autres.
Melleret pour Les Amis de l’Alchimie     
      Si vous le voulez bien, dans un troisième article, je vous proposerai un autre type d’investissement pour parvenir à un élixir. Il sera réservé uniquement au travail prévu avec de faibles quantités de plante.