MERCURIO VIRGO

MERCURIO VIRGO, PROPOSITION DE RÉACTION .

        Nombre d’alchimistes, désirant rester au plus près de la nature, cherchent à obtenir du mercure métal sans passer par une phase de distillation à plus de 356°.
La solution, le mercure vierge, (mercurio virgo) qui, en excès par rapport au soufre, ne s’est pas transformé en cinabre dans la nature. Ce mercure vierge coule au bas de certains gîtes miniers en Inde, mais aussi au bas des trémies de manutention à Almaden. On en récupère, (en faible quantité) en secouant fortement le minerai dans une caisse en plastique. Sur le cinabre, en effet, on peut distinguer de brillantes gouttelettes de métal, pouvant parfois, dans des interstices, atteindre 2 mm de diamètre. N’étant pas, à l’époque, équipée pour la photo numérique, je n’ai immortalisé que le minerai déjà privé de son mercure vierge.
        Je propose la suite de réactions suivantes avec au départ, outre le cinabre HgS, l’utilisation du sulfure de sodium et de l’aluminium Al (pour générer le Feu chimique).
Je ne fais pas figurer les molécules d’eau, ces dernières étant noyées dans l’important apport d’eau indispensable pour permettre au mélange de rester fluide et compenser les pertes (en cours de réaction) dues à l’éjection violente de vapeur.
De même, je suis consciente que les conditions « physiques » ne sont pas remplies pour la formation d’hydrargillite aux températures et pressions qui sont les nôtres, mais il ne s’agit que d’une « proposition de réaction » destinée à provoquer celle (réaction) des lecteurs.
        Si l’on vise, par exemple, l’obtention, (toute théorique) de 50 g. de mercure vierge, (1/4 de mole) il nous faudra environ 58 g. de cinabre en poudre. Dans mon cas, il faut utiliser théoriquement 138 g. de minerai au sortir du mortier car il y a 58% de gangue dans mon minerai .
Versez votre cinabre dans un vase Pyrex, (j’ai eu des débuts de fente avec du verre ordinaire). Un ballon d’un litre, à fond plat, (pour le poser quand il devient très très chaud) avec une grande ouverture et un bouchon, convient bien. Y déposer le cinabre et en faire une pâte homogène avec 30 grammes de sodium sulfure. Ajoutez 30 g. d’eau pure, remuez, mélangez, puis versez à nouveau 30 g. de sodium sulfure en remuant toujours, terminez par 30 g. d’eau (photo).
Bouchez légèrement (avec une bande de tissu roulée, par exemple) pour éviter les surpression éventuelles.
Posez, (avec un répartiteur de chaleur) sur une plaque chauffante régulée pour que le contenu du ballon reste entre 50° et 70°.
Laissez mijoter en remuant fréquemment (pour éviter la sédimentation du cinabre) pendant 3 ou 4 jours (photos).
        Il vous reste donc un peu de temps pour vous trouver en extérieur un endroit pour travailler une heure ou deux et y disposer une brique réfractaire destinée à recevoir le ballon très chaud.
Vous profiterez aussi de ce répit pour préparer votre aluminium. 14g. doivent suffire, mais si vous en utilisez plus votre mercure restera amalgamé avec l’aluminium, ce qui n’est pas grave. L’aluminium a deux fonctions : créer une forte élévation de température suite à l’action de la soude, deuxièmement servir de support provisoire au mercure qui s’y amalgame.
La fonction générateur de chaleur réclame une remarque. Si la surface de votre aluminium en contact avec la soude est grande, la réaction sera rapide et violente. Si, (cas d’un bloc) pour une même masse, la surface est faible, la réaction sera très lente et sans effet. C’est là le coup de main à prendre. En outre, il faut que l’aluminium ne soit pas déjà recouvert d’oxyde, ce qui est automatiquement et rapidement le cas en présence d’air humide.
Si vous utilisez de la barre mince, (facile à décaper au papier de verre) dès que vous l’avez coupée en petits fragments, conservez votre provision dans de l’alcool (photo).
Le papier d’aluminium en rouleaux (utilisation culinaire), du fait de son enroulement est protégé de l’oxydation, il faut en faire des petits rouleaux du diamètre d’une allumette.
        Pour espérer une amalgamation, il faut un contact entre l’aluminium et le mercure, ce qui se fait si l’aluminium est compact ou si on malaxe le mélange en réaction, en se protégeant de la vapeur brûlante vomie par le col du ballon, on peut aussi ajouter des billes de céramique dans le ballon.
En tout cas il faut secouer, le port de gants anti-thermiques (350-400°) est recommandé, (vendus en grande surface au rayon cuisine ou chez Conrad) à condition de ne pas les mouiller.
Il faut penser à vous protéger des vapeurs et autres projections possibles. Il faut aussi pouvoir disposer rapidement de quelques centaines de centimètre cube d’eau pour maintenir fluide, (ni trop ni trop peu) le contenu du ballon après la première phase de réaction.
Pour le bouchon du ballon, (indispensable pour pouvoir secouer fortement le mélange et ainsi amorcer le « feu ») il faut choisir une taille ne pénétrant que très peu dans le col du ballon. Vous devrez le retirer après une ou deux secondes maxi après avoir secoué.
Une habitude à prendre : pour éviter de vous faire éclabousser par un jet de vapeur à l’ouverture, basculez le bouchon vers vous, de façon à ce que l’ouverture qui se dégage soit à l’opposé de votre visage.
        Laissez la réaction se poursuivre, rebouchez de temps en temps et secouez pour mélanger et ranimer le feu.
Les images vous font comprendre pourquoi il est prudent de se limiter à 50 g. de cinabre, et pourquoi un col de ballon large, qui freine peu les vapeurs (pestilentielles de dioxyde de soufre et d’eau) est préférable.
Quand la réaction est visiblement terminée, laissez refroidir et versez dans une cuvette. Diluez avec 5 ou 10 litres de votre précieuse eau de pluie filtrée, évacuez votre eau en versant sans remous, pour ne pas entraîner de micro gouttes de votre vif argent.
Si vous avez ajouté de l’aluminium un peu massif, vous le retrouverez amalgamé et très brillant, cela ne durera pas, l’aluminium se recouvrira rapidement de lui-même d’oxyde en rejetant le mercure.
Le lavage vous donnera un mercure légèrement souillé (ou encore amalgamé avec l’aluminium) qui ne se réunira pas spontanément en une seule goutte, il faudra le laver à l’aide de sel (de cuisine non iodé, mais pas celui de Guérande, il est beaucoup plus sale que votre mercure) et de vinaigre blanc, suivant la méthode bien connue, qui peut prendre 2 heures au mortier pour arriver à tout réunir en une seule goutte.
Un tour de main qui m’est propre : sachant que généralement le mercure reste amalgamé avec un peu d’aluminium, (il est quelquefois malléable au lieu d’être très fluide) je le mélange et le brasse avec une solution concentrée de soude. Il faut un certain temps (en jours si vous ne remuez pas souvent) d’action à la soude pour détruire l’aluminium, et que cesse la réaction, c’est du temps et du travail de gagné pour le passage au mortier.
Arrivée à ce stade, je termine la purification par filtration sous vide, au filtre en verre fritté N°3, (pores de 15 à 40µ) puisqu’il ne peut être question de distillation.
En conclusion : Il y a un monde entre la prévision théorique et le résultat. Je vous ai, tout au long de cette article laissé espérer le rendement théorique alors que je n’ai jamais obtenu plus de 59g. de mercure pour une mole, soit un rendement de 29,4 % !
Pour illustrer cet article par des photos, j’ai repris le collier, le rendement a été sensiblement le même que par le passé. Cette opération n’étant pas ruineuse, je n’ai jamais cherché à l’améliorer en jouant sur les paramètres ni à récupérer, pour les condenser, les vapeurs qui peuvent être porteuses de mercure volatilisé, (j’ai toujours travaillé en extérieur) je n’ai pas non plus fait une chasse impitoyable aux micro gouttes de mercure pouvant se dissimuler dans le dépôt de gangue en poudre qui reste dans la cuvette de lavage.
Un conseil, si je puis me le permettre, divisez les quantités par deux, le débordement lors de cette dernière opération m’a rappelé d’autres encore plus violents que j’avais eus dans le passé. Et si vous cherchez à obtenir plusieurs centaines de grammes de mercure vierge, utilisez mon ancienne technique, plusieurs plaques chauffantes et les ballons correspondants, pour, par roulement faire une opération par jour. Si vous disposez d’une étuve, c’est encore plus simple.
Aude Haizange

Nous avions, (avant la création de l’association) demandé au directeur de la mine d’Almaden (Minas de Almaden y Arryanes S. A. ALMADEN – Espagne) de nous céder du mercure vierge, il nous avait répondu par la négative, sans toutefois fermer la porte à la fourniture de cinabre.
On nous a dit qu’il est possible de s’en procurer (à coup d’euros) auprès des gamins du coin. Outre la légalité contestable de l’opération, (seules les multinationales sont habilitées à recevoir les dons de la Terre) nous pensons que les enfants de la région doivent être bien assez pollués comme cela sans créer des occasions supplémentaires.
Les Amis de l’Alchimie