LA VAISSELLE de L’ALCHIMISTE

LA CORVÉE de VAISSELLE de L’ALCHIMISTE. 
      On en parle rarement, mais l’alchimiste consacre un temps non négligeable à rendre réutilisables les récipients qu’il vient d’utiliser.
Pour ce qui est des creusets, un long trempage et un outil genre tournevis pour le grattage sont suffisants dans bien des cas. Les creusets qui se refusent à cette toilette sont condamnés à un usage secondaire.
Pour certaines opérations on vous demande de toujours utiliser un creuset neuf à chaque étape, donc le problème ne se pose pas. 
Mais on peut tout de même se poser une question : Votre précieuse matière est-elle en meilleure compagnie au contact de la paroi neuve du creuset, plutôt que de sa propre matière tapissant un creuset ayant déjà servi ? Un peu comme une pipe culottée par des années d’utilisation.
Nous parlerons donc en priorité de la verrerie. Actuellement en verre borosilicaté, elle résiste bien à la température. Un passage dans un four à 500 °C est une méthode de destruction des matières carbonées parfois employée.
Par contre, ce verre est très sensible aux rayures et au dépolissage résultant de l’usage et du nettoyage. Une verrerie nettoyée, (sauf de très rares cas) ne pourra plus jamais être qualifiée de neuve.
Les cas les plus courants :
Dépôts de calcaire d’une eau dure : Le vinaigre blanc les font disparaître.
Dépôts organiques ayant résisté à un liquide vaisselle courant : Un trempage du dépôt dans de l’eau de javel additionnée d’un peu de vinaigre blanc ou d’acide, (pour la transformer en eau de chlore plus active) peut demander plusieurs jours. Il convient, bien entendu, de se protéger les voies respiratoires et les yeux des vapeurs de l’eau de chlore.
Dépôts ferreux qui vous semblent devenus partie intégrante du verre : Un trempage du dépôt dans de l’eau additionnée de Sodium Dithionite devrait à la longue vous en débarrasser. Pendre les mêmes précautions que pour l’eau de chlore.Pour cette vaisselle, on utilisera les brosses (à mon avis, bien trop coûteuses) étudiées pour cet usage,[Image 01] mais dont la flexibilité nous est cependant indispensable.

Pour ce qui est des attaques chimiques par les sels en dissolution ou par leurs vapeurs au-dessus du niveau du liquide, [Image 02] : Il n’y a rien à faire. Il faut réserver cette verrerie à d’autres opérations du même type.

Si le dépôt est plus résistant et exige un grattage, le premier stade est celui de l’utilisation d’un mélange de gros sel et d’un peu d’eau ou de vinaigre blanc. Le coup de main consiste à mettre en rotation (surtout dans un ballon) le mélange en lui faisant prendre la forme d’une bande simulant l’équateur de la Terre ; et en inclinant le ballon, faire balayer sa surface intérieure par cette bande légèrement abrasive. Ne pas remplacer le sel par du sable qui dépolirait le ballon. Outre l’aspect, ce dépolissage serait source d’une retenue fortement accrue de dépôts par la suite.

Une longueur de chaînette à boules peut être utilisée avec précaution [Image 03]. L’idéal, (mais je ne sais plus où m’en procurer, donc appel aux lecteurs) est l’utilisation de perles spéciales en un métal qui ne s’oxyde pas, et dont la forme est adaptée à cet usage [Image 4]. Elles ne rayent pas le verre et leur densité, bien plus élevée que celle du sel, les rend bien plus efficace.

      Le dépôt n’est pas toujours interne, c’est le cas de l’huile des bains d’huile qui sèche au niveau de la surface du bain et que les solvants sont pratiquement incapables de faire disparaître. 
Nous conseillons toujours de n’entreprendre ce pénible nettoyage qu’à la fin de l’usage du bain. Il faut préalablement passer par une opération d’amincissement de ce dépôt à la lame de rasoir [Image 5] avant de tenter de dissoudre chimiquement les traces restantes.
Une de nos réalisations, ce n’est pas une invention. C’est la simple adaptation à une surface concave des tampons de nettoyage vendus pour l’entretien des vitres d’aquariums.
Sa réalisation comporte quelques points à respecter (fabrication possible en marge d’un stage sur un autre sujet). L’ensemble se compose d’un tampon à placer à l’intérieur du vase, et d’une partie extérieure destinée à mouvoir le tampon grâce à l’attraction mutuelle de deux aimants.
Pour le tampon, nous partons d’un disque [Images 6 & 7] découpé dans de l’éponge « ou paille verte » utilisée couramment pour la vaisselle. Ce disque, de diamètre 65 à 70 mm, est entaillé pour pouvoir se replier dans le trou de diamètre 25 mm [Image 8] d’un simple morceau de bois, pour pouvoir par la suite passer par le col en 29/32 d’un ballon. 
Au centre, on positionne une petite rondelle de cette même paille verte avec du scotch double-face, et non de la colle, qui passerait au travers de la grande rondelle. Cette pastille a un double but : rendre plus épaisse et plus souple la zone de grattage, et éloigner la bille aimantée pour qu’elle ne presse pas trop fortement la paille verte contre le verre. La bille aimantée (convenablement orientée magnétiquement) est enduite selon son diamètre d’un peu de colle à deux composants. Elle est déposée, sans colle, sur la petite rondelle [Image 9]. La grande rondelle étant repliée contre la bille encollée, et le tout introduit dans le trou (graissé pour éviter un collage) du morceau de bois. De la colle à deux composants est ensuite utilisée pour recouvrir la bille [Image 10] et solidifier le tout.
Les vues proposées seront, je l’espère, plus explicites que mon propos.
      Pour la partie à l’extérieur du récipient et destinée à permettre le déplacement du tampon, nous utilisons un aimant encapsulé du commerce sur lequel nous collons un disque de feutre protégeant le verre des rayures. C’est la présentation [Image 11] de cet aimant qui permet de bien orienter la boule magnétique du tampon avant son collage. L’utilisation de l’ensemble [Image 12] se passe de commentaires. Ici, un petit tube d’aluminium est collé sur le pas-de-vis pour faciliter sa prise en main. 
Contrairement à la large surface de travail des tampons pour aquarium, ici il n’y a qu’une faible zone de contact, et son utilisation est à réserver au grattage des points ayant résisté à l’utilisation des autres solutions.
Pour information : nous utilisons la boule magnétique K-13-C et l’aimant à goupille filetée GTN-16 de chez Supermagnete , (voir sur le Web).
      Il n’est pas possible de parler de tous les problèmes rencontrés, (certains peuvent exiger un agitateur magnétique et un aimant cylindrique enroulé dans de la paille verte).
Mais il est un cas relativement fréquent qui se traduit parfois par de la casse, pas toujours réparable. Je veux parler du bouchage du tube de déversement des soxhlets, son faible diamètre, au point de pincement, est l’endroit idéal pour qu’un débris végétal s’y loge. 
Malgré les contorsions effectuées pour souffler ou aspirer, tout en cherchant à boucher les autres orifices, on n’obtient pas toujours le résultat désiré. 
Pour faire face à cette situation, nous réalisons un petit piston [Image 13] qui permet de faire circuler du liquide dans les deux sens [Image 14]. Le morceau d’éponge utilisé n’a pas besoin d’être très étanche ; en le serrant plus ou moins, on adapte son diamètre à celui du corps du soxhlet.
Paul Melleret : pour Les Amis de l’Alchimie.