VENTRE de CHEVAL, réalisation.

      Ce terme imagé du temps des Anciens désigne pour nous un milieu générant pour une longue période une température avoisinant les 40 à 70° C. On utilisait alors ce mélange de fumier de cheval et de chaux vive. Nous serions bien en peine, (à condition de trouver du fumier de cheval) de reproduire de nos jours le bon mélange sans créer les conditions d’un coup de feu bref et désastreux. Il faut savoir qu’un tas de fumier dégage spontanément en son centre une température provoquant sa combustion s’il n’est pas surveillé et retourné.
Certains réutilisent des frigos en panne qu’ils munissent d’un moyen de chauffage pour y faire mûrir leurs élixirs. Nous vous proposons la réalisation d’une étuve moins encombrante pouvant rendre le même service et permettant d’y faire des cohobations en laissant à la température ambiante une tête de condensation alors que le récipient est confiné dans la zone chaude.
La source de chaleur est un chauffe-plats, (2,5 € à la brocante, si vous n’en trouvez qu’à deux ou trois fois plus cher, ce n’est tout de même pas un problème). La boîte est de très loin la plus grosse dépense [images 1 à 4] l’isolant thermique utilisé est très surdimensionné, mais il n’y avait que celui-ci à la déchetterie, il est coupé au fil chaud (note en fin d’article). 
Le fond est prévu amovible pour nettoyage en cas de casse. 
      Par contre, pour les couvercles, munis d’anneaux de manipulation, [image 5] la grande épaisseur de l’isolant est utile parce qu’elle permet aux éléments de glisser sans pouvoir basculer et permet des positions différentes en hauteur de ces couvercles sans laisser passer l’air chaud du compartiment inférieur. Ils servent à maintenir les ballons ou Erlenmeyers, mais surtout à confiner la chaleur dans la partie basse pour éviter que de l’air chaud n’entre en contact avec la tête des dispositifs.
Il peut être avantageux d’avoir plusieurs jeux de couvercles, (du travail, mais un coût nul) adaptés à des fioles ou à de gros diamètres de passage, par exemple.
L’élément du bas peut être : soit posé directement sur le chauffe-plat, soit isolé, (supports en silicone visibles sur) [image 6] de cette partie qui est inévitablement plus chaude que l’air du compartiment.
      Les images de la réalisation se passent de commentaire et sont à adapter au chauffe-plat que vous trouverez.
Le principe est simple, le ballon inférieur est maintenu (sans grande précision) à la température choisie. Ici, utilisation d’un thermomètre d’aquarium [image 7].
La dépense d’énergie est très faible du fait de l’isolation et de la basse température de fonctionnement. Même sous cette faible température, il se crée une surpression, sans problème si l’assemblage est du type Rodavis, mais capable de décoller de simples cônes et de faire tomber le ballon supérieur. Il convient donc d’éliminer cette surpression de temps en temps jusqu’à ce que la température soit stabilisée. Si le produit le permet, une température de début plus élevée, avant pose du ballon de condensation, permet lors de sa diminution de créer un vide partiel, favorable à la tenue ainsi qu’à la circulation.
Pour l’alimentation du dispositif, on utilise généralement un montage à triac entre le secteur et le chauffe-plat. Il faut aussi se souvenir qu’une diode en série divise la puissance de chauffe par deux, le branchement sur 110 Volts (transformateur donné par EDF lors du passage en 220V) la divise par quatre, et qu’une diode en série sur le 110 Volt la divise par huit. Si l’une de ces puissances convient, il est possible de se passer du montage triac.
Alors que le récipient supérieur reste à la température ambiante, même avec un aussi faible écart de température entre le haut et le bas, une lente circulation de vapeur s’établit au bout d’un certain temps, cette vapeur se condense contre la paroi la moins chaude [images 8 et 9] et le liquide retombe directement, ou par un tube latéral, si le montage est du type ‘pélican’ [images 10 et 11]. 
Il n’est pas interdit, en compliquant un peu, de faire un vide partiel [image 12], (si l’on possède le moyen de faire et de maintenir sans fuite ce vide) pour avoir une circulation à plus faible température, donc à plus faible dépense d’énergie, car les périodes d’utilisation se mesurent en lunaisons.
      La tradition et la logique nous incitent à utiliser pour le ballon du haut un élément de volume plus important que pour le récipient du bas. De même, on donnera la préférence à un diamètre de passage entre les deux ballons le plus grand possible. La fiole idéale aurait un diamètre de col de 45 et supporterait un ballon de condensation de 4 fois sa propre capacité. 
Du fait de la très grande inertie thermique du dispositif, le réglage et la stabilisation de la température sont relativement longs, ainsi que l’établissement de la circulation des vapeurs.
L’assemblage des deux ballons se fait généralement avec un double cône mâle-mâle du diamètre le plus grand possible. Cette contrainte de diamètre, pour être respectée, oblige souvent à faire réaliser des ensembles monobloc plutôt qu’assemblés, pour une question de coût des cônes de grand diamètre. 
Quand on pense verrerie, on a toujours en tête, rodage, pyrex, tenue en température … Dans le cas qui nous occupe, vu les faibles températures rencontrées et l’absence de contraintes, d’autres solutions sont disponibles comme le bocal de conserve [image 13] équipé d’un cône, (voir la description de réalisation dans l’article 2005 : REALISATION de  » ballons  » économiques). Il est même possible de coller directement dans le trou du couvercle un ballon ayant un col accidenté pour lui redonner une nouvelle vie.
Deux bouchons en matière plastique pour rodage, ouverts, puis collés tête-bêche, font un raccord tout à fait convenable. Si le collage seul vous semble une prise de risque inacceptable, 4 petites vis supplémentaires devraient vous rendre le sommeil.
Les bouchons Rodavis standard, en bakélite facile à coller, font aussi l’affaire si vos ballons sont de ce type. Ne pas oublier de réaliser 2 joints plats, les joints toriques d’origine (non retenus par l’intérieur), ne peuvent pas être utilisés.
Il y a quelques années, une grande marque d’eau minérale avait eu la bonne idée de boucher ses eaux aromatisées avec des bouchons à joint plat, au pas et au diamètre du Rodavis 29 x 32. Nous en avions fait des bouchons de ballon et par la même occasion une liaison mâle-mâle. La matière de ces bouchons étant réfractaire aux solvants courants, (acétone, acétate d’éthyle, xylène etc.) qui auraient permis un collage par soudage chimique, nous avions réalisé cet assemblage avec de la colle à deux composants (après dépolissage), et pour plus de sûreté, (bretelles et ceinture) nous avions emmanché, à force, les deux bouchons dans un bout de tube prélevé dans un protecteur de tête de bombe à peinture (ou autre ?). 
Ceci, car vous avez peut-être encore chez vous des bouteilles rectangulaires de ce modèle, pleines de graines de haricots par exemple, dans un coin ! 
Tous les dispositifs pour réunir deux ballons [images 14 15 16] sont utilisables, nous avons aussi fait réaliser par un verrier des tubes terminés par deux cônes mâles de plusieur longueur et diamètres.
Si vous avez des parties coniques mâles récupérées suite à de la casse (c’est généralement la partie conique qui reste intacte) il est possible, en utilisant un bout de tuyau PVC ou cuivre, de les assembler à l’aide de colle silicone pour aquarium. Prendre la précaution de garnir l’intérieur de colle pour faciliter le passage des gouttes, et pour le cuivre, d’interdire son contact avec le produit du ballon. 
Une autre réalisation : 

Les Amis de l’Alchimie.

NOTE :
La coupe au fil chaud, très pratique, et plus régulière, évite les pousières générées par l’utilisation de la scie. 
On réalise facilement un petit dispositif à partir d’environ 40 cm de fil résistant, d’un interrupteur (ou l’aide d’une autre personne qui en fait office) et d’un transfo 12 V ou d’un batterie de voiture (si la voiture est proche, c’est encore plus simple, deux pinces suffisent), [image 17].
Pour disposer d’un outil plus pratique, ce n’est pas beaucoup plus compliqué, [image 18]. Pensez tout de même au ressort pour maintenir le fil tendu à chaud.
Pour ce qui est du fil, qui que vous soyez, faites-nous parvenir une enveloppe timbrée à votre adresse et vous en recevrez (sans commentaire) 2 mètres.

                                 Alchimie pratique