Un livre incontournable pour les alchimistes en herbe et les autres : « quatre traités d’alchimie expliqués par la chimie de leur temps » de Jules Mérias et Laurent Philippe (éditions Gutemberg Reprint, 2018)

S’il y a un livre récent qu’il ne faut absolument pas ignorer, c’est bien l’ouvrage d’alchimie de Jules Mérias et de son comparse chimiste Laurent Philippe. Le premier a écrit plusieurs ouvrages sur la franc-maçonnerie tandis que le second a publié au moins un ouvrage sur l’alchimie intitulé « de la matière à l’esprit » aux éditions « Diffusion rosicrucienne ». Pourquoi cet ouvrage est-il si important ? En fait, les deux auteurs ont choisi d’expliquer dans un langage parfaitement compréhensible et de manière structurée quatre anciens traités d’alchimie.
Les quatre traités analysés par les auteurs sont le « composé des composés » d’Albert Le Grand (1193-1280), le deuxième, « le testament d’or » d’un auteur inconnu (allemand) peut-être décédé dans les années 1670. Le troisième est la « révélation de la parole cachée par la sagesse des anciens ou généalogie de la mère du mercure des philosophes » d’un auteur inconnu et le quatrième correspond au « livre des XXII feuillets hermétiques de Kernadec de Pornic (1763), disciple de Dom Pernety.
Pourquoi cet ouvrage est-il si important ? Tout d’abord, parce qu’il tranche d’avec les livres de Fulcanelli ou de Canseliet où l’on trouve éparpillés les différents aspects de l’alchimie qui y sont traités et pour les néophytes le puzzle est impossible à reconstituer. Ensuite, les auteurs bannissent l’usage de la langue des oiseaux : un chat reste un chat. Par exemple, le blanc d’Espagne devient le bismuth, le loup gris l’antimoine, etc. S’il est fait référence à des chimistes anciens (Nicolas Lémery et Hyacinthe-Théodore Baron) comme le fait d’ailleurs Atorène dans son « Laboratoire alchimique », c’est juste pour décrire comment aux XVIème et XVIIème siècles les opérations de laboratoire étaient effectuées. Enfin, des organigrammes opérationnels résument les diverses phases de chacune des voies couvertes par les quatre traités.
Que demander de mieux ? La générosité de nos deux auteurs est encore plus grande : ils expliquent que l’unique matière de l’alchimie, c’est l’esprit céleste, ou encore les graines de vie qui nous arrivent du ciel (le prana comme nous le suggérions dans un autre article ?). Le but de l’alchimie, expliquent nos deux philosophes, consiste uniquement à condenser cette « matière ». Voilà ce qu’est la pierre philosophale, un condensé d’esprit universel. Ceci ne nous rappelle-t-il pas la déclaration de Marie-Hélène, lors de notre stage en 2017 : « il y sans doute une voie plus directe, sans besoin des métaux, pour obtenir la pierre… ». Ils insistent de surcroît sur la dimension temporelle : les pleines lunes de printemps en utilisant la rosée, la pluie ou la neige lorsque que ces matières en sont particulièrement riches. Enfin, ils suggèrent que les métaux (ou au moins certains) ont cette insigne propriété de pouvoir capter cette énergie vitale au moment où de liquide ils passent à l’état solide : notre fameux aimant ! En filigrane, on devine que nos deux auteurs ont parcouru in extenso le chemin ! Alors là, chapeau bas !
Deux voies (au moins) ne sont toutefois pas abordées, celle du vitriol chère à Basile Valentin (et Georges Llabrès) et la voie du pauvre, celle de la rosée comme la décrit notre collègue portugais Luis Silva en reprenant le modus operandi de « la chaine d’or d’Homère » (Dr Anton Joseph Kirchweger, 1723). Sans doute n’ajoutaient-elles rien à leur propos.
Notre conclusion : à consommer sans modération !
Aude Roche (mars 2019)

PS. Nous aimerions interviewer ces deux auteurs pour le site des amis de l’Alchimie. Messieurs Mérias et Philippe, si vous l’acceptez, merci de me contacter par mail à l’adresse suivante : AudeRoche@yahoo.fr