LE MORTIER

L  E    M  O  R  T  I  E  R ,   outil traditionnel de l’alchimiste et du spagiriste.

 

      Après un temps de repos, puis un temps pour la reprise du travail ordinaire, je me mets de nouveau au travail spagirique.
Mon travail, actuellement, est le broyage des herbes : là, je travaille sur la Mélisse, ou comme le disent les anciens « le piment des abeilles « .
La mélisse a la signature de la matrice, une plante pour la femme, comme nous le dit Hildegarde de Bingen.
Et elle convient parfaitement bien pour initialiser énergétiquement mon mortier !
En effet, tout ce qui touche à la femme, touche directement au mortier qui en est le symbole.

Le mortier, symbole de l’utérus, du cycle rythmique, de la friction qui produit le feu intérieur, le feu de vie, la semence, l’embryon. Jadis, dans l’antiquité les Vestales étaient les gardiennes de ce feu sacré.
Piler est l’acte symbolique du coït.
Aujourd’hui, mon mortier me permet de broyer mon herbe en utilisant le Calou, symbole du Phallus ou du bâton. Le Kaloupilé c’est aussi un Arbuste appelé la reine des épices !
Faire le travail manuellement, c’est mettre de la conscience et agir pleinement sur la matière que je travaille.
Dans les cultures traditionnelles, les actes usuels de la vie étaient imprégnés d’un symbolisme inconscient nous reliant naturellement au monde.
Le moulin nous a dépossédés d’un acte naturel, cela est devenu mécanique et artificiel, projeté à l’extérieur de l’être, entraînant une mort psychique et symbolique du rapport intime que l’homme avait avec sa matière.
Notre culture moderne, et sa philosophie matérialiste et athée, entraîne sans le savoir l’être dans une profonde dépression, dans un gouffre, par rupture des mécanismes relationnels inconscients que l’homme entretenait naturellement avec le monde.
Ah ! mon Kalou est riche d’un symbolisme multiculturel. En Inde, le Kalou est la représentation divine sous forme de pierre plantée du tamoul Kal ou Kallu = pierre.
En Russie, la sorcière Baba Yaga se déplace dans un mortier, le mortier fait office de balai ou Lingham.
A la Réunion, la sorcière devient Grammer Kal, ce qui veut dire  » la grande-pierre « .
Le Kalou, le Pilon, le Mortier est lié à la séparation, à l’émancipation, à la révolution, à la Marianne, à la couleur bleue. Remarquez la couleur de mon mortier, il est de couleur bleue.
Nous avons l’idée de purification, d’élévation mais aussi de liberté.

A la Réunion, la couleur bleue est associée à une localisation géographique, le cirque de Mafate où se trouve le Pic de la Vierge, mais c’est aussi un grand lieu de liberté où vécut le chef marron  » Mafate « .
Avoir son mortier à la Réunion, c’est ramasser sa pierre bleue au fond des ravines sèches (en hiver austral lorsque le temps est sec).
Lorsque le dragon est endormi, car les pierres sont gardées par un dragon écailleux (dragon d’eau). Ne pas en tenir compte, c’est exposer sa vie au danger de se faire emporter, avaler par le dragon !
Car l’eau de la ravine peut se déchaîner …
Le héros, l’initié, c’est notre tailleur de pierre, notre voleur de pierre dans les ravines asséchées, il va s’emparer, voler les œufs de couleurs du dragon endormi, le trésor.

       » Eh oui, mon mortier, vous l’avez deviné, c’est un œuf de dragon. Celui qui sait l’utiliser a volé le feu secret de la femme, mais saurais-je l’utiliser ce feu, cette Shakti ?
Saurais-je dompter ce nouveau-né ?
Pour gagner enfin ma liberté intérieure !  »

CIMENDEF.