PARACELSE

PARACELSE

 

Theophrastus Bombastus von Hoenheim, dit : PARACELSE.

 

        Parler en si peu de lignes de ce « monument » que fut ce médecin, précurseur aussi décrié que vénéré, semble presque impossible. Entrons donc immédiatement dans le sujet. Paracelse, que ses contemporains connurent sous le nom latinisé de Philippus, Aurealus, Theophrastus, Paracelsus est né, à la fin de l’année 1493 du calendrier Julien, dans le village d’Etzel, non loin d’Eisiedeln, dans une province du Saint Empire Germanique qui fait aujourd’hui partie de la Suisse. Eisiedeln, avec son abbaye du IXme siècle et sa célèbre bibliothèque, était à l’époque un haut lieu de la spiritualité. Paracelse perdit sa mère, que son père médecin réputé n’avait pourtant pas réussi à sauver. Il passa une partie de sa jeunesse en Carinthie, où son père était professeur à l’école des mines. Assister ainsi à la sortie des minéraux des entrailles de la Terre-mère dut marquer le jeune Theophraste. Il voyage et étudie en divers lieux, en particulier à Ferrare, parcourt l’Italie et une partie de l’Europe, Montpellier, Cologne, Paris (en 1518) et peut-être Oxford. Il visite l’Asie et séjourne en Egypte. En tant que chirurgien militaire, Theophraste fréquente des magiciens et des barbiers, des médecins et des gens du peuple, il en profite pour élargir ses connaissances. On retrouve sa trace à Bâle en 1510, et c’est dans cette ville que l’étudiant prend son  » nom de science  » de Paracelsus. Jusqu’en 1510, il fut l’élève ou plutôt le disciple initié du célèbre Abbé Trithème, féru des mystères de la Kabbale. Paracelse est aussi influencé par Cornelius Agrippa et le mouvement Rose-Croix.

C’est à ce moment que s’affirme sa personnalité et sa haine des  » bonnets pointus  » qui lisent leurs connaissances dans des livres douteux, pour ne pas dire sans base vraie, alors que de simples femmes de la campagne savent les vertus des simples qui guérissent : Paracelse étudiera leur savoir-faire avec intelligence et discernement, on peut déjà parler de médecine expérimentale. On le retrouve vers 1524, chirurgien établi à Salzbourg, il est célèbre dans tout le Saint Empire pour quelques cures réussies et habilement ébruitées. A la suite d’un conflit d’opinion avec les luthériens et d’un franc parler allant jusqu’à la provocation, il doit quitter ou plutôt fuir Salzbourg pour s’établir à Strasbourg (1527-1528) où il pense se fixer. La renommée de Paracelse qui guérit des malades condamnés par ses confrères de la Faculté (qui ne le lui pardonnent pas !), le conduit à Bâle (où il est professeur occasionnel à l’Université) pour soigner un homme érudit et influent que les médecins voulaient amputer. Il le guérit de façon spectaculaire, et en récolte une gloire qui lui monte à la tête ; les échevins le nomment  » Médecin de la Ville « . La Faculté, étrangère à cette nomination et jalouse de sa popularité auprès des citoyens, et surtout des étudiants en médecine devant lesquels il pérore, monte une cabale contre lui. Il refuse d’exhiber son diplôme de doctorat et n’accepte pas de prêter serment à la Faculté qu’il ridiculise en brûlant en public un livre d’Avicenne, base du dogme de l’enseignement classique et officiel. Ils est aussi très souvent ivre et fréquente des tavernes avec ses étudiants et des ivrognes qu’il régale. Il ne retrouve un peu de lucidité que pour, sale et mal habillé, guérir des malades. A la suite d’un sombre procès d’honoraires perdu, il doit quitter Bâle au début de 1528. Certains le regrettent, même s’il avait réussi à liguer contre sa personne l’immense majorité de ses chers confrères. Séjournant à Colmar, Esslingen et Nüremberg, partout poursuivi par la haine des médecins établis et du fait de son mauvais caractère qui empire de jour en jour, il se brouille avec les apothicaires comme avec les deux partis religieux. En 1529, il s’installe près de Ratisbonne et rédige Paragranum tout en s’adonnant à la prédication. A Saint-Gall, il rédige l’Opus Paramirum. En 1533, il compose un traité sur les maladies des mineurs. Il voyage encore et écrit  » La Grande chirurgie « . Se déplaçant en Bohême, puis en Bavière, il écrit encore de nombreux ouvrages, dont notamment Astronomia magna vel Philosophia sagax. Paracelse quitte Vienne qui l’avait pourtant bien reçu pour se reposer loin des villes ; on lui offre ensuite l’hospitalité à Salzbourg où il décédera en septembre 1541 sans que l’on soit certain de la cause de sa mort.

Après l’homme à la vie tumultueuse vient le médecin novateur et l’alchimiste initié.

Pour Paracelse, tout ce qui vit est entouré d’une sorte d’aura (périsoma) qui est le siège d’oscillations, le remède que doit trouver le médecin, avec l’aide des astres, doit posséder les mêmes oscillations que l’organe malade pour rééquilibrer l’organisme. Dieu est la source de la guérison au travers de la nature : toute maladie a son remède naturel. Paracelse cherche la connaissance de l’Univers, du microcosme au macrocosme et y fait participer la foi. Sans elle, les médecins et les savants sont impuissants. C’est en tant qu’instruments divins qu’ils peuvent parachever l’œuvre de la nature, les médecins par la guérison, comme les alchimistes par la transmutation des métaux. A une haute idée de l’idéal moral que doit suivre le médecin, il se fait en plus un devoir d’observer la nature en action ; il en déduit ses propres enseignements en rejetant les doctrines en honneur avant lui, c’est de cette réflexion que naît ce qui deviendra « la médecine de Paracelse « .

Croyant aussi que la vie est présente dans tout ce qui existe, et que la guérison physique va de pair avec le salut de l’âme, il fonde sa médecine, ainsi qu’il le dit, sur  » la philosophie, l’astronomie, l’alchimie et la vertu « . La philosophie traite en totalité de la terre et de l’eau ; l’astronomie et l’astrologie traitent de l’air et du feu ; l’alchimie sait préparer et reproduire les quatre éléments ; la vertu, le médecin se doit de l’observer sa vie entière. Pour lui, les signes (les signatures) doivent être lus par le médecin qui s’apparente un peu à un voyant, en tout cas à un intuitif. Une fois les signatures identifiées, la thérapeutique coule de source. Elle est composée principalement de magistères : celui des plantes que le médecin doit très bien connaître, cueillir (en suivant les impératifs de l’astrologie) et préparer lui-même. A ce sujet, Paracelse nous a laissé de nombreuses recettes. Le magistère des minéraux comprend entre autres les huiles ou teintures des métaux, en tête desquels figurent l’or et l’argent : ces métaux réduits en feuilles et convenablement triturés et traités conduisent à l’or et l’argent potables qui, comme leurs noms l’indiquent, peuvent être absorbés sans aucun danger.

Dans ses nombreux écrits, Paracelse, comme médecin, n’utilisait que rarement le latin, étant donc en rupture totale avec l’enseignement médical classique. Son oeuvre nous informe largement sur tous les traitements et préparations préconisés par ce novateur qui considérait que chaque médecin se devait d’être aussi pharmacien (ou apothicaire) pour s’assurer de la qualité des médicaments. Certains de ses ouvrages ont été publiés plus de trente ans après sa mort et sa notoriété a inspiré un grand nombre de plagiaires. D’où un corpus médical important qui, de nos jours encore, est à la base d’un système de pensée surnommé  » la médecine de Paracelse  » et revendiqué par beaucoup de spagyristes et de thérapeutes modernes pratiquant les médecines douces.

Alcor.          Alchimie pratique.