CÉRAMIQUE II

Le procédé de coulée, porcelaine ou grès, est applicable à de nombreux objets de formes et usages divers utilisables par les spagyristes et alchimistes.

Par exemple [image 1] : de simples couvercles pour pots ou creusets. Ces réalisations d’un prix de revient de l’ordre de 20 centimes d’euro peuvent être obtenues facilement à partir de formes en plâtre.Dans ces matières, les couvercles doivent être de faible épaisseur, (pas plus de 4 à 5 mm). On coule la barbotine dans le moule plâtre, mais dans ce cas particulier on ne la revide pas. On maintient au contraire un niveau suffisant de barbotine pour obtenir l’épaisseur finale souhaitée. Il faut signaler que le séchage a tendance à rendre concave la surface inférieure du couvercle, un passage sur du papier de verre permet facilement d’y remédier si on le souhaite.

Réalisation de ce type de moule.

On procède en plusieurs étapes :

  • En utilisant un quelconque couvercle de boîte du diamètre qui nous convient, on coule un disque de plâtre.
  • On façonne sur ce disque, (après lui avoir donné de la dépouille) une ébauche de prise de pince, en pâte à modeler [image 2].
  • On prend, au plâtre, une empreinte sommaire de cette pièce. Dans cette empreinte, on tire une ébauche toute en plâtre cette fois. Cette ébauche, après finition d’aspect, deviendra notre modèle pour réaliser le moule définitif [image 3] qui sera utilisé pour la coulée en petite série.

Ces couvercles, devant être protégés des chocs thermiques, sont réservés pour une utilisation au four électrique dont on maîtrise la montée en température, et le refroidissement. Pour le travail à la flamme du chalumeau, (cas de l’utilisation des creusets graphités pour les régules par exemple) le couvercle doit pouvoir être manipulé sans aucune précaution à toutes températures. Dans ce cas,la terre réfractaire (qui n’est pas coulable) est indispensable. Pour ne pas mêler deux façons de faire dans le même texte, je traiterai de ce sujet dans un autre article.

À la fin de l’article CERAMIQUE I, j’ai placé une image de quelques godets obtenus par coulage et cuits avec adjonction de sel lors de la cuisson. Ce qui donne cette couleur non indispensable. Il existe une multitude de récipients et principalement des gobelets qui permettent de créer en une seule fois un moule de coulée. À titre d’exemple, nous prendrons un simple verre qui sera fortement collé sur sa planche de base (pour faciliter son extraction ultérieure de la masse de plâtre). Le moule obtenu [image 4] pourra être rempli : totalement pour une forme de creuset, partiellement pour obtenir des godets plus ou moins hauts, ou après usinage (du moule) à la lime, [image 5] pourra donner une pièce avec bec verseur.

Si possible, il est préférable pour la manipulation et le transport, d’effectuer une précuisson à 900°C dans un petit four à émaux en élevant très lentement la température au début. Pour certains usages, la pièce peut même être utilisée ainsi sans la cuisson finale à plus de 1250°C. Exemples de réalisation [image 6].

Je me permets une petite mise en garde : les petits fours à émaux sont étudiés pour chauffer à 900°C sous 220 volts. Le secteur est rarement de 220 volts (j’ai 234 V chez moi), et dans ce cas la température pouvant dépasser les 1 000°C est suffisante pour que la cuisson soit considérée comme complète. Cependant, la durée de vie du four est réduite à cette température, et il convient donc de ne pas utiliser son four au maxi de puissance plus de 10 minutes par cuisson.



Pour certaines pièces, la forme voulue n’est pas comme celle d’un verre avec une dépouille dans un seul sens permettant de créer sans problème le moule plâtre. Si la forme est l’adition de deux parties démoulables, on opère avec un moule en deux parties dans le sens de la hauteur [image 7]. On peut également faire les deux demi-moules dans l’autre sens de la pièce [image 8]. C’est cette solution qui sera obligatoirement retenue pour obtenir des cornues par exemple. On remarquera, sur la dernière image, l’important retrait de la pièce cuite par rapport à son moule plâtre. Le bouchon (réalisé en grès) surmontant le matra est prévu pour assurer le passage d’un tube en verre, le tout destiné à être luté.

Je vais revenir sur la préparation de la barbotine pour le grès. Si les alchimistes sont parfois envieux, que dire des catalogues des fournisseurs ! Céradel, laissant supposer que le mélange eau et poudre GC304B doit être défloculé pour pouvoir être employé, n’en dit pas plus.

Il convient donc de dissoudre dans une petite quantité d’eau chaude 41,2 grammes de Dolaflux et d’ajouter ce liquide noir dans les 11,25 litres d’eau (non ou faiblement calcaire) préparée pour la barbotine. On y ajoutera également 83,4 grammes de défloculant GF 162. Le tout bien mélangé, on peut ajouter lentement les 25 kg de poudre de grès en agitant convenablement tout en évitant d’introduire de l’air.

Comme vous ne préparerez sans doute jamais tout un sac en une seule fois, vous diviserez donc à votre convenance toutes les quantités ci-dessus. Il est souhaitable de ne partir que sur une base de 10,5 litres d’eau et après mesure de la densité, (par simple pesée de 1 litre de mélange) d’ajouter tout ou partie du reste de l’eau pour ramener cette densité aux environs de 1,83 si elle est trop élevée.

Je n’ai pris Céradel que comme exemple. Voyez de même Céraquitaine avec son grès de coulage G209C, il est à défloculer avec 24 grammes de silicate de soude pour 10 kg. Il faut environ 600 grammes d’eau pour 1 kg de poudre pour obtenir une densité de 1,6 ou 1,7. La pâte porcelaine, 5 fois plus coûteuse, est vendue prête à l’emploi (après brassage et tamisage).

Paul Melleret, pour Les Amis de l’Alchimie.