Chapitres VII et VIII de l’introuvable ouvrage du même nom de René Schwaeblé.
Chapitre VII
L’Alchimie que nous appelons Biologie comme étudiant la Vie cherchait exclusivement (ou presque), il faut l’avouer, la Pierre Philosophale, la transmutation des métaux vils en argent, en or…
Cette fameuse Pierre n’est qu’un réducteur puissant, un agent protéique, agissant par voie de substitution d’atomes d’H. Nous l’avons dit : Prendre du plomb, lui enlever son H, le remplacer par de l’O (le plomb s’oxyde) ou du C ; le nouveau métal a augmenté de densité et de couleur, il ne peut plus s’oxyder.
La Pierre philosophale est un agent qui, jeté au sein d’un métal en fusion, produit une transformation atomique semblable à celle que les matières organiques subissent lorsqu’une levure les fait fermenter.
« Génération spontanée » alors ? De l’or sans ferment d’or ?
Nenni. Et le plus bizarre : les alchimistes cherchant tous l’homuncule proclamèrent tous qu’il fallait de l’or pour faire de l’or ! Nécessaire donc, dans la fabrication de l’or, le ferment, la graine de l’or.
Unité de Matière (plomb, or les mêmes atomes diversement groupés) et Unité de Vie. La Pierre accélère la Vie, elle « force » le métal vil, comme dans les « forceries » on force les lilas.
Le premier métal fut composé d’H. Le soufre (le soufre ordinaire, C4 H8) lui apporta la Vie qu’entretint l’O ; H diminuant dans le métal cependant que C et O augmentaient, le fer devint cuivre, plomb, étain, mercure, argent, or. Le métal imparfait se changea en métal parfait.
L’évolution ? Les Alchimistes allaient plus loin : l’or se putréfiant, redonne du fer, lequel devient cuivre, etc.
M. von Schrön n’est pas éloigné de la cellule minérale. Basile Valentin prétendait qu’en prenant un certain Soufre non mûr provenant des sulfures d’antimoine l’on obtiendrait une teinture non visible, intérieure (elle serait dans la molécule, ne la colorerait pas). La molécule, la cellule… Les systèmes de cristallisation, les cellules s’agglomérant… La Vie minérale prouvée, incompréhensible sans la cellule minérale.
La cellule minérale, comme les autres, est bipolaire. Comme les autres on peut la comparer à une minuscule pile.
… Pour les Alchimistes les métaux étaient composés de Soufre, de Mercure et de Sel philosophiques – qu’il ne faut pas confondre avec le soufre, le mercure et le sel ordinaires, — de Soufre ou C qui leur donne la densification, de Mercure ou H qui leur donne la volatilisation, et de Sel ou O qui résout le Soufre et le Mercure, et les ramène à l’état de terre inanalysable (au moins pour nos chimistes officiels), à l’état de corps simples ».
Les métaux (et tous les minéraux) sont mâles ou femelles, positifs ou négatifs, suivant la prédominance du Soufre philosophique ou du Mercure ; l’or est mâle, positif, l’argent, par rapport à lui, femelle (Les expressions vulgaires « or mâle, or femelle » ne veulent rien dire. De même « or jaune, or rouge » ; il n’y a qu’un or, l’or jaune ; l’or rouge est un alliage).
Au temps de la conception de l’enfant, le sperme est le véhicule du Soufre, le père, et l’ovule le réceptacle du Mercure, la mère ; le placenta dans lequel ils se réunissent, c’est l’Œuf philosophique, les eaux font fonction de Sel, le ventre maternel représente l’Athanor, et la circulation artérielle et veineuse le grand agent calorique, la lumière obscure.
… Les produits de M. Stéphane Leduc vivent, assurément.
À quel règne (mot de signification douteuse) appartiennent-ils ?
Animal, végétal, minéral ? Animal ? Non répond-on instinctivement. Végétal ?
Quels éléments entrent dans ces combinaisons ? À quelle chimie appartiennent-ils ? À la chimie inorganique. La vie dans des éléments de chimie inorganique… La vie du règne minéral, du sulfate de cuivre, du ferrocyanure de potassium, du chlorure de sodium…
Des cellules différant des cellules végétales et animales ; elles résistent à de plus hautes températures, elles possèdent infiniment moins de chaleur obscure rayonnante – ce qui rend leur évolution infiniment plus longue. M. Leduc travaillerait-il sur la Pierre philosophale ?
Il n’accroît point la matière minérale ; le poids demeure le même.
La Pierre philosophale n’accroît pas la matière métallique, elle en change seulement la nature, elle transmute le plomb en or, mais le poids final de matière égale le poids initial. M. Leduc transmute-t-il ? Une croissance produite par le chlorure de calcium dans le carbonate de sodium comprend une enveloppe de carbonate de calcium renfermant une solution de chlorure de calcium : elle a formé du carbonate de calcium, mais il n’y a pas transmutation. Toutefois, ne point affirmer trop rigoureusement.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Trois questions pour la matière minérale :
Accroissement ;
Reproduction ;
Transmutation ;
On peut comparer l’accroissement de la matière métallique à la croissance du végétal ou de l’animal. Le métal s’accroît aux dépens des métalloïdes.
Le Brun de Vilroy disait arriver à un accroissement (à la vérité l’on n’obtient l’accroissement qu’à l’état phosphorique, il faudrait pouvoir lingoter le métal) de cuivre de 90 à 100 % en traitant du phosphate de soude, du chlorure de sodium, du sulfate de cuivre et du sulfure de potassium.
Le fer, avons-nous dit, perdant ses atomes d’H, les remplace par d’autres de C, s’oxydant, augmentant de densité, devient or, meurt, se putréfie, redevient fer. Ainsi se reproduit-il. Les métaux sont mâles ou femelles ; que se passe-t-il dans la terre…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La Transmutation.
La fameuse transmutation des métaux. La Pierre philosophale ! Quoi donc ? Un vulgaire ferment, une diastase métallique minérale.
Les ferments sont minéraux comme ils sont végétaux ou animaux.
Vous voulez de l’or ?
Son ferment : la Pierre philosophale poussée au rouge.
Cette Pierre est un composé vivant (de Soufre, Mercure et Sel, philosophiques), fixe devant nos conditions barométriques.
Extrayons ce Soufre, la vie animique arrivée à maturité, de l’or qui est le métal le plus vigoureux, arrachons-lui son alcaloïde, nous souvenant qu’ici « alcaloïde » signifie non essence, quintessence de l’or, mais bien Vie, cette Vie qui est la même pour Tout. Le Soufre apparaît sous la forme d’une gomme résineuse rouge pourpre par transparence, possédant les reflets métalliques du scarabée, ressemblant étrangement à l’aniline et ses dérivés.
Il faut ensuite conjoindre ce Soufre, le mâle, au Mercure philosophique, la femelle chargée de fournir la chaleur de constitution, la chaleur obscure (pourtant radiante puisque toute chaleur obscure mise en action devient phosphorescente). Le Mercure apparaît limpide, d’aspect métallique, il est fluorescent, et le matras qui le contient semble un tube de Crooks.
On conjoint le Soufre et le Mercure philosophiques dans un matras ou Œuf philosophiquecontenant le Sel philosophique, matière morte, eau, qui amène la putréfaction. Le Sel, nitre et non vulgaire azotate, de couleur blanche argentine, forme de petits cristaux réfringents.
On place l’œuf dans l’Athanor, fourneau à réverbère.
La conjonction s’opère, donnant un ferment neutre. Il faut y mettre un peu d’or pour le rendre ferment de l’or.
Chapitre VIII : Confection de la Pierre – Voie humide.
D’abord, réduire l’or en chaux ; pour cela, prendre de l’or en feuilles, le dissoudre dans du mercure vulgaire, laver et pétrir jusqu’à ce que l’amalgame soit dur et que l’eau sorte claire.
Mettre dans une capsule de porcelaine cet amalgame et l’acide obtenu de la façon suivante : prendre 1 kilo d’acide azotique à 40 °, y ajouter 300 grammes de matière animale sans éléments graisseux, (du mou par exemple) ; chauffer jusqu’à dissolution complète de la matière organique, et filtrer sur l’amiante. C’est un acide oxalique dont la composition atomique est C4 H2 O9 (alors que l’acide oxalique ordinaire a pour composition. C2 H2 O4). Cet acide, tout en ne dissolvant pas l’or, fait disparaître le mercure.
Filtrer sur l’amiante. Ainsi, on a ouvert l’or [Ouvrir, fermer ; amour, haine ; solve, coagula ; répulsion, attraction ; voilà tout le Grand Œuvre]. C’est la calcination par voie humide. Il ne reste que le fixe.
Cette chaux (la terre primitive) de couleur blanche, c’est la Terre vierge, le Pélican qui va se percer les flancs pour donner le Soufre, menstrue, nourriture de l’Universel Pondérable.
Prenons cette chaux blanche aurifère bien lavée, mettons-la, dans un matras de forme ovale à long col, versons sur cette terre une huile soufreuse (et non sulfureuse), de nature minérale, car nature s’esjouit de sa nature… l’huile sidérale, l’huile de pierre, le pétrole [à propos du pétrole, du vulgaire pétrole, voici une expérience bien simple. Mélanger 500 grammes d’acide sulfurique et 250 grammes d’acide azotique, verser doucement ce mélange dans un matras contenant un kilo de pétrole (placer au préalable le matras dans un baquet d’eau afin de prévenir l’échauffement). Dans la liqueur ainsi obtenue faire dissoudre une pièce d’argent. Impossible ensuite de reprendre l’argent, un nouveau métal s’est formé], le VITRIOL, l’huile de verre (vitri oleum). Cette huile appliquée aux métaux vulgaires, lorsqu’ils ont été ouverts, les fait évoluer, changer d’état atomique, chimique et physique. Elle les accroît. C’est l’opération de Basile Valentin, – Voir Le Char triomphal de l’antimoine [le mélange de cette huile de pierre et de l’or ouvert produit une substance grasse, onctueuse, qui rend le verre malléable. On donne au verre, selon les oxydes métalliques qu’on ajoute à ce mélange les différentes couleurs des pierres précieuses dont on lui donne également la pureté par la coction].
Après avoir étiré l’extrémité du col du matras afin d’obtenir un long tube capillaire qui servira de soupape, plaçons le tout dans un bain de sable à une température ne dépassant pas 80°C (feu de digestion) et commençant par 30°C.
Le Pélican se perce les flancs, un sang vermeil s’en échappe.
L’huile suffisamment rouge, remettre de l’huile soufreuse, recommencer l’opération précédente, jusqu’à ce que l’huile ne se teigne plus. Dans le matras, la matière doit atteindre la couleur voulue en moins d’un mois.
Maintenant, il faut procéder à la Sublimation ou Séparation du pur et de l’impur contenus dans la chaux aurifère (laquelle ne comprend que du Fixe ou chaleur obscure absolue). Ouvrir l’œuf, en retirer la matière, joindre à l’huile colorée et distiller plusieurs fois au filtre ordinaire. Laver le résidu en versant de la nouvelle huile, jusqu’à ce qu’elle ne se colore plus. Alors, placer la liqueur pourpre dans une capsule de porcelaine et procéder jusqu’à consistance résineuse à l’évaporation lente (température ne dépassant pas 30 °C). On a ainsi extrait leSoufre ou la virtualité du corps métallique, c’est-à-dire son alcaloïde [ce qui reste sur le filtre on le mettra à sécher et l’on aura une terre noire, la terre damnée, laquelle terre ne peut être ramenée à l’état de corps métallique. C’est un poison violent, c’est le fameux arsenic des Anciens, qu’il ne faut pas confondre avec notre arsenic vulgaire]. La composition atomique du Soufre philosophique, de cette gomme résineuse est C8 H10. La confection du Soufre, telle que nous venons de l’indiquer, demande quarante jours au moins, quatre mois au plus.
Au reste, nous avons dit que tous les matériaux de notre planète, et particulièrement la magnésie ordinaire, le kaolin, le talc, la terre à foulon, le beurre des montagnes ou base du ferment de Basile Valentin, contiennent en proportions variant avec leur spécificité un Soufre qu’on peut rendre philosophique. Le Soufre philosophique n’est point le ferment de tel ou tel métal ; le Soufre philosophique c’est la vie animique arrivée à maturité.
Le Soufre obtenu, il faut le conjoindre au Mercure philosophique.
Comment obtenir le Mercure philosophique ? Les Anciens recommandaient de l’extraire de l’argent ; mais l’opération est délicate et peu productive. Nous procéderons donc autrement. On prend 100 grammes de bismuth à l’état métallique et porphyrisé, et 300 grammes de bichlorure de mercure, on mélange le tout, on l’écrase sur un marbre de verre avec la molette de verre en l’arrosant avec de l’alcool. On transforme la pâte obtenue en trochismes que l’on fait sécher lentement à l’étuve sur une plaque de marbre. (On fera bien de mettre des gants de caoutchouc et de s’emplir les narines de coton cardé). Puis on place les trochismes dans une cornue de porcelaine dont le chapiteau s’enlève à volonté, et au col de laquelle on ajoute un vaisseau de rencontre muni d’un matras trempant dans un mélange réfrigérant. Les jointures lutées, on chauffe progressivement jusqu’à ce qu’une perle de mercure descende dans le vaisseau de rencontre. Quand il ne passe plus de mercure, on chauffe jusqu’à 500°C afin d’en faire disparaître le reste. Alors, on démonte l’appareil, et l’on aperçoit en haut du chapiteau des fleurs argentines cristallisées que l’on retire. Dans la panse de la cornue on trouve un caput mortuum que l’on pulvérise avec le mercure du matras en y ajoutant 100 grammes de bichlorure de mercure. On redistille jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de fleurs argentines. On introduit les eaux provenant des deux distillations et les fleurs argentines dans un matras de forme ronde à long col, et l’on met le tout au bain de sable, commençant par une température de 50 à 60°C pour finir par 100°C. Chaque jour, on fait faire un demi-tour au matras pendant 15 à 28 jours jusqu’à ce que l’on obtienne une eau limpide à reflets métalliques, brillant comme le mercure vulgaire (de même densité mais de propriétés différentes). C’est notre Mercure philosophique dont la composition atomique est C16 H28. Voilà le vif argent transformé en argent vif.
On a ainsi rendu ce qui était fixe, volatil sous la forme d’une eau pesante ; c’est donc l’opération opposée à celle qui donne le Soufre philosophique. Ce Mercure n’est nullement vénéneux, sa partie arsénicale, l’Impur, étant disparue. La confection du Mercure, telle que nous venons de l’indiquer, demande deux mois.
Il s’agit maintenant d’opérer la Conjonction, c’est-à-dire de conjoindre notre Soufre, notre Mercure et le Sel philosophique.
Mais comment obtenir ce Sel philosophique ? Ce Sel ne doit pas contenir de matière volatile, ce doit être une matière morte, une eau, qui amènera la putréfaction, qui sera un ferment. Il ne doit donc plus contenir de chlore qui est volatil. Faire décrépiter un kilo de sel marin naturel, l’introduire dans un creuset, et mettre le tout à feu de fonte. Quand la matière est liquide, on la coule dans une bassine, et l’on couvre vivement pour éviter la volatilisation du sel. Le produit fondu est refroidi, on le dissout dans l’eau et l’on filtre. Et on évapore jusqu’à siccité. On recommence ces opérations jusqu’à ce que le sel, ayant perdu son eau de constitution, soit fusible comme la cire vierge, à une température de 30°C. On obtient ainsi leSel philosophique dont la composition atomique est C6 H9 O15, la densité 4, le poids atomique 59. Voici donc l’oxygène à l’état métalloique. La confection du Sel telle que nous venons de l’indiquer demande trois mois au plus. Pour le Sel, avoir des matras de cristal ; car ce Sel dissout la silice.
Ce Sel va servir de nourriture au Soufre et au Mercure dans la confection de la Pierre. Lire complément A.
L’athanor est un fourneau à réverbère composé de quatre parties indépendantes les unes des autres et pouvant se superposer.
La partie supérieure figure une coupole ; elle est munie d’un thermomètre maintenu par un bouchon de liège.
Dans la deuxième partie, cylindre parfait, quatre ouvertures circulaires garnies de vitres, sont percées, qui permettent de surveiller l’opération ; c’est dans cette partie que loge le têt contenant du sable fin sur lequel reposera l’Œuf philosophique (avoir soin d’enfoncer doucement l’Œuf, jusqu’à ce que la surface de la matière qu’il renferme coïncide avec celle du sable). Le vase contenant le sable est supporté par une légère grille placée horizontalement entre la seconde et la troisième partie de l’athanor ou maintenu par des agrafes.
La troisième partie forme, à l’intérieur, un cône tronqué de façon à présenter en haut une ouverture de même diamètre que le têt placé au dessus.
La quatrième partie comporte à l’intérieur un cône renversé et plein, situé immédiatement au-dessus du foyer, maintenu par des agrafes et laissant autour de lui un vide circulaire qui, en montant, se réduit à l’épaisseur d’un doigt.
L’intérieur de l’athanor doit être émaillé en blanc vif ou enduit d’une couche de carbonate de magnésie délayée dans un peu d’eau gélatineuse. Lire complément B.
… La chaleur obscure est la chaleur de constitution des corps. La chaleur lumineuse est la chaleur de combinaison, elle a pour but de capter l’Azoth universel, la Vie. L’œuf de la poule contient la vie à l’état latent, chaleur obscure, chaleur de constitution ; pour que cette vie se manifeste, il faut appliquer une nouvelle force extérieure, la chaleur lumineuse produite par la poule ou la couveuse artificielle. (Au reste, la chaleur de la poule est réellement un peu lumineuse ainsi qu’on peut l’observer par les temps secs).
… L’athanor installé, il faut prendre 90 grammes de Souffre philosophique, les porphyriser dans un mortier de verre, y ajouter 60 grammes de Mercure philosophique et procéder par imbibition en continuant la porphyrisation. On obtient une pâte épaisse opaque. Puis, on ajoute 30 grammes de Sel philosophique. On introduit le tout réduit en poudre subtile dans un matras de verre, l’Œuf philosophique (d’un verre dur ne contenant pas de plomb, qui pourrait le faire crever. On obtient ce verre en prenant du quartz non alumineux et en le fondant dans un creuset de chaux vive). L’Œuf fermé hermétiquement (au préalable on y aura fait le vide, en le faisant chauffer une demi-heure dans de l’eau à 100°C, et en fermant, ensuite, à la lampe), on le place dans l’athanor de façon à ce qu’il reçoive la chaleur lumineuse par réflexion ; sans quoi l’Azoth ne pourrait y pénétrer.
On commence par une température de 40 °C. Cette chaleur ne sert qu’à inciter la chaleur obscure du composé. LA Salamandre vit du feu et s’en engrosse.
Au bout du troisième jour des nuages sombres montent et descendent ou se résolvent en pluie. C’est l’aile de corbeau. C’est la mort, c’est la putréfaction au cours de laquelle s’opère la Conjonction.
A ce moment, il faut bien surveiller la température : l’Œuf pourrait éclater en créant des vapeurs vénéneuses.
On apercevra une phosphorescence plus ou moins vive, toute putréfaction étant accompagnée de phosphorescence. La putréfaction – qui rend la chaleur obscure lumineuse, le fixe volatile réveille le côté sporadique des métaux [tout corps qui se putréfie absorbe de l’oxygène. Un métal auquel on fournit de l’oxygène s’oxyde, se ronge, disparaît peu à peu par combustion, par chaleur sèche, se résout sur lui-même ; c’est une véritable putréfaction, c’est-à-dire la dissociation des éléments atomiques].
… La matière minérale possède infiniment moins de chaleur obscure rayonnante que les matières végétale et animale – ce qui fait que son évolution demande infiniment plus de temps.
Dans l’Œuf philosophique le calme renaît, la vie revient.
Au bout d’un mois, la matière devient gris cendre. On augmente le feu de 10 °C. Des pustules apparaissent, colorées comme le scarabée. C’est le régime de la fermentation, c’est le paon indiquant que l’union du mâle et de la femelle est consommée, c’est l’arrivée de la chlorophylle métallique.
La matière s’éclaircit, blanchit ; c’est le lait virginal, la Vierge immaculée, la Lune droite des Sages, la Pierre philosophale au blanc, pas absolument fixe.
Si l’on veut transmuter les métaux qu’en argent, métal encore oxydable, si l’on ne veut accomplir que le Petit Œuvre, on peut ouvrir l’Œuf. Il ne reste plus, alors, qu’à mêler la Pierre ainsi obtenue à de l’argent dans les conditions et proportions indiquées ci-après pour l’or.
Pour avoir la Pierre au rouge, la Pierre absolument fixe, pousser la chaleur à 58°C ; au bout d’une vingtaine de jours, la matière devient jaune citron. Pousser à 80 °C ; au bout d’une quinzaine, la matière devient rouge. Encore un mois et elle devient d’une rouge brillant, transparent. Bientôt, elle s’affaisse et passe à l’état de pierre ou sel.
Ce sel, soluble dans l’alcool, constitue ce que les Anciens appelaient l’élixir de vie pour les trois règnes.
Ne pas croire toutefois que la panacée universelle guérisse les jambes cassées, les organes détruits, etc. Contenant la vie, laquelle est la même pour les trois règnes, elle ne fait que communiquer un peu de cette vie aux malades qui en ont besoin ; elle introduit simplement dans l’économie une activité solaire qui redonne de l’énergie à la masse cérébrale, organe régulateur de la vie physique et chimique ; ce n’est qu’un tonique, un tonique puissant.
Ce sel dissous dans l’alcool apporte la vie aux trois règnes.
1°/ Règne minéral
Prendre un gramme de la liqueur, le mettre sur une terre ferrugineuse ou sesqui-oxyde de fer. Procédant par voie de coction ne dépassant pas 30°C, l’on verra naître dans ce sesqui-oxyde de fer un métal différent du fer.
2°/ Règne végétal
Mettre un gramme de la liqueur sur 8 à 10 grammes de terre ordinaire (terre prise dans les champs) calcinée sans fusion, l’on verra naître des végétaux (d’abord mousses, puis fougères, puis graminées). La terre ayant été calcinée ne pouvait contenir de germes. Les fakirs enferment une graine de blé ou autre dans leurs mains : au bout d’un certain temps de coction, la graine croît ; une fois sortie des mains, elle meurt. Au préalable les mains ou la graine ont été trempées dans la liqueur.
3°/ Règne animal
Prendre de la terre ordinaire préparée comme ci-dessus, la porphyriser au mortier, l’arroser d’une nouvelle quantité de liqueur : on voit apparaître le ver, la mouche, le papillon.
… Revenons à la Pierre philosophale.
L’Œuf ouvert, mettre en un creuset brasqué au charbon de l’or chimiquement pur ; lorsqu’il est en fusion, ajouter de la Pierre philosophale la tierce partie du poids de l’or, et couvrir le creuset. Cette opération a pour but d’amener la Pierre à l’état de ferment ou levain de l’or. Dans le creuset, l’or sur lequel on a mis la Pierre s’enfle, puis se réduit en poudre rouge pourpre.
C’est la poudre de projection (laquelle est inanalysable puisqu’elle tue, amène à maturité toutes les substances), c’est l’or devenu ferment de l’or.
Dans cet état elle n’a d’action que de 1 sur 1000 ; 1 kilo de métal, plomb ou autre, ne donnerait qu’un gramme d’or quelle que fut la quantité de poudre employée. Pour multiplier sa puissance, reprendre la poudre, la remettre au foyer avec de l’or comme ci-dessus ; ajouter de la Pierre toujours comme ci-dessus ; la poudre ainsi obtenue a une action de 10 pour 1000. A la troisième opération l’action sera de 100 pour 1000 et à la quatrième de 1000 pour 1000.
La poudre qui contient les éléments fixes et les éléments volatils (chaleur obscure et chaleur lumineuse) – le tout inséparable maintenant – amène à l’état lumineux, fixe au feu la chaleur obscure du métal sur lequel on la projette.
Pour faire la projection, enrober de cette poudre la valeur d’un grain de millet dans une petite feuille de cire vierge (laquelle empêche l’oxydation du métal en fusion), jeter sur un métal en fusion cette boulette ; aussitôt, le métal brille et semble doué d’un mouvement de rotation sur lui-même. Couvrir le creuset, fermer le fourneau, élever la température, laisser refroidir. Le culot a diminué de volume.
Appendice.
Expériences bizarres :
1°/ Mettre dans une solution de sulfate métallique quelconque du phosphate de soude, laisser à l’air en ayant soin de remettre toujours du liquide. Au bout d’un certain temps, il se forme des cristallisations de pyrites métalliques.
2°/ Dans de l’acide sulfurique mettre de l’essence de térébenthine. Y dissoudre du cuivre. Le cuivre disparaît, faisant place à un autre métal.
3°/ Dans une solution de nitrate d’argent (acide azotique et argent) verser du pétrole ordinaire. Agiter. Laisser l’attaque se faire. Le métal se précipite à l’état de poudre floconneuse.
Schwaeblé est un alchimiste-écrivain très prolifique qui reprend souvent les mêmes sujets, parfois à la virgule près dans ses différents ouvrages.
Sous le nom de compléments, nous nous permettons d’ajouter au texte ci-dessus des extraits prélevés dans le livre « Précis d’Ocultisme » de cet auteur, qui, à notre avis, complètent le texte précédent.
Complément A :
Le soufre philosophique a les reflets métalliques du scarabée et par transparence apparaît rouge pourpre ; il ressemble étrangement à l’aniline et à ses dérivés. Le mercure philosophique, limpide, d’aspect métallique, donne dans l’obscurité une lumière mauve ; il est fluorescent et le matras qui le contient semble un tube de Crooks ; ses rayons fluorescents ont une action sur le chlorure d’argent et modifient singulièrement divers oxydes métalliques. Le sel philosophique est de couleur blanche argentine, il forme de petits cristaux réfringeants : c’est la Terre feuillée des Sages, le Talc philosophique, l’alun de plume de Basile Valentin.
Le Soufre, le Mercure et le Sel obtenus, arrivons à la conjonction, à la Fixation des éléments, c’est-à-dire à l’opération qui les rend fixes, non volatils au feu, incombustibles par l’O.
Il serait inutile, en effet, de projeter directement le Soufre philosophique sur de l’argent, par exemple, en fusion : l’on n’obtiendrait qu’une variation des poids atomistique et spécifique, le lingot n’aurait pas la couleur d’or. Toutefois, attaqué par l’acide azotique étendu d’eau, il prendrait une belle couleur jaune et la conserverait jusqu’à son entière dissolution. Et si l’on faisait repasser l’argent à l’état métallique et le refondrait sans y ajouter de Soufre, le phénomène se reproduirait. Lazarus Erken a dit : Quand tu auras joint le soufre métallique au métal vulgaire, ne crois point que la teinture soit extérieure ; la matière demeure comme un métal non mûr. Basile Valentin prétendait qu’en prenant un certain Soufre non mûr provenant des sulfures d’antimoine, l’on obtiendrait une teinture non visible, intérieure (elle serait dans l’atôme, ne le colorerait pas), et que pour la rendre visible il faudrait y ajouter de l’or ouvert qui augmenterait sa puissance colorante et la rendrait fixe au feu.
Mettre 100 grammes de soufre en fleur, 100 grammes de potasse pure non carbonatée et 100 grammes d’acide azotique dans un vase de grès ou porcelaine, recouvrir ce vase d’une plaque de verre et l’exposer au jour ; au bout de huit jours, la matière se gonfle et rend visible ce qui était invisible et devient rouge, se liquéfie. Continuer cette putréfaction, en remuant de temps en temps avec un agitateur de verre, jusqu’à ce qu’apparaissent des efflorescences de carbonate de potasse et de soude et, à la surface, une croûte grise d’hyposulfite. Déssécher la substance, la mettre au creuset, fondre. Sortir la matière du creuset, verser sur cette matière de l’alcool pur, faire digérer à feu lent de 30° à 35°. L’alcool se teint en rouge. Décanter. Prendre une pièce d’argent, la tremper brusquement dans le liquide et la laver dans l’eau fraîche : la pièce est teinte superficiellement.
Évaporer l’alcool jusqu’à ce qu’il reste une résine, la projeter sur de l’argent en fusion (après l’avoir entourée de cire), donner un bon feu de fonte, retirer le creuset du feu. Quand il est froid, enlever le culot d’argent. Ce culot est teint intérieurement et pas extérieurement : si on le passe à l’acide azotique il apparaît jaune.
Il faut, pour opérer la Conjonction, avoir recours à l’Athanor ou fourneau philosophique ; (croquis ci-dessous) il faut connaître le Sec (ce qui est en bas, la terre, le solide ; le type de Sec est le C pur cristallisé sous forme de silicate hyalin — diamant — ou des composés divers), l’Humide (ce qui est en haut, l’air, le gaz, l’H, le Chaud (l’O, le comburant universel, le feu la matière radiante), le Froid (l’Az, l’argent, l’eau, le liquide), les quatre modalités de l’énergie, pour amener les matériaux à une maturité qu’ils n’acquièrent naturellement que grâce à un grand nombre de siècles et aux événements cosmogoniques et géologiques.
Complément B :
Il faut se servir d’une lampe ayant une couronne de matière radiante, de zirconium ou de magnésie, fournissant des rayons chimiques à température basse. Une lampe ordinaire ne donnerait pas de chaleur lumineuse puisque sa chaleur serait étouffée par le support de l’Œuf, ne pouvant, comme la chaleur radiante du zirconium, traverser les corps opaques. C’est le feu clibanique dont parle Glaubert.
Dans la lampe on met l’huile suivante : Prendre un kilo d’huile d’olive faite à froid, un kilo de sel marin décrépité, mettre le tout dans une cornue, mettre à la digestion pendant 4 ou 5 jours à 100° maximum. Distiller à feu doux : il sort une huile blanche transparente comme de l’eau. Lorsque des veinules rouges montent en haut de la chape de la cornue arrêter la distillation. Cette huile blanche brûle à flamme bleue, elle a besoin de très peu d’O. Elle dure la moitié de temps plus que l’huile d’olive ordinaire.
Pour confectionner la lampe à zirconium (voir la chimie métallurgique de Daubrey, au chapitre des métaux rares), prendre une mèche de coton de 7 à 8 brins, la tremper dans une solution de zirconium (zirconium et acide acétique), laisser sécher, préparer la couronne, calciner légèrement au feu bleu du gaz comme l’on fait pour les becs Auer. Il est bon d’avoir plusieurs lampes afin de pouvoir les changer quand il le faut ; quant à la couronne une seule suffit.
La mèche est supportée par des fils inoxydables de nickel ou de maillechort.
Bien entendu, l’athanor repose sur trois briques afin de permettre à l’air d’y pénétrer.