Il existe également dans le commerce du baume du tigre blanc qui est plus spécialement utilisé pour lutter contre les problèmes de congestion nasale.
Généralités :
C’est pour une initiation à la réalisation de produits dans le vaste domaine de la phytothérapie (incluant les produits cosmétiques de réalisation facile) que cet exercice a été choisi. Nous ne chercherons donc pas uniquement, ici, à fabriquer du baume rouge.
Ce dernier est utilisé dans les pays asiatiques depuis des siècles. On l’utilise en massage pour lutter contre le mal de dos, l’arthrite, les douleurs musculaires, articulaires, courbatures, tendinites (inflammations des tendons), les contractures et la sciatique. Il est utilisé par les sportifs, avant un entraînement pour échauffer les muscles et après, pour les détendre. Ce n’est pas un médicament, (sinon nous n’en parlerions pas) mais il ne doit pas être utilisé sur les enfants de moins de 5 ans.
De très rares cas d’allergie ayant été signalés, il convient de faire un test d’au moins 24 heures en plaçant le volume d’un petit pois dans le creux du coude ou sous le poignet et en le recouvrant d’une bande de gaze. Sa couleur rouge risque de tâcher les vêtements s’il n’a pas totalement pénétré dans la peau lors du massage. Ne jamais chauffer (couverture chauffante ou bouillotte) la zone massée. Se laver parfaitement les mains après massage, car il y a toujours le risque de se toucher les yeux ou des muqueuses par inadvertance.
A la fin de cet exercice le produit devrait être largement dilué dans de la vieille huile de friture et rejoindre la déchetterie. Comme je ne suis pas totalement naïf, je suppose que ce baume sera utilisé, je propose donc de prendre les précautions d’hygiène indispensables pour que ce produit puisse être mis au contact du corps humain, et qui plus est, en partie absorbé par l’épiderme.
Par conséquent, en plus des précautions habituelles indispensables pour le travail (masque respiratoire et lunettes etc.), il convient d’utiliser un matériel : (verrerie, mortier, cuillères, boîte, etc.), rigoureusement lavé puis aseptisé par passage à l’alcool à 90°. Pendant la fabrication tout doit être manipulé sans que les doigts entrent en contact avec les constituants. Tout ce qui n’est pas en cours d’utilisation doit être fermé ou couvert, à l’abri des pollutions.
Il faut ici prendre conscience qu’un autre niveau de précaution est exigé. Nous ne sommes pas en alchimie minérale ! C’est surtout pour le fait qu’il vous sera demandé de produire des huiles essentiel les plus denses que l’eau (nous avions brièvement signalé le problème posé dans d’autres articles), que cette réalisation a été choisie parmi d’autres possibles.
Certains des constituants étant d’origine asiatique, vous devrez vous les procurer dans le commerce.
Nous vous proposons donc, dans cet exercice, d’accroître vos connaissances pratiques en réalisant vous-même tout ce qui est faisable.
Réalisation :
Nous avons choisi la production de 50 g de baume. La masse choisie l’est pour que les pesées puissent être faites avec une balance courante d’alchimiste à plus ou moins 0,1 g. Pour les constituants liquides, la densité étant très proche de celle de l’eau, on prendra 1 centimètre cube pour 1 gramme. Une petite pipette graduée souvent jointe à des médicaments fera très bien l’affaire. La quantité choisie est faible car sa conservation (à l’abri de la lumière et de la chaleur) est relativement limitée.
La formule type du commerce :
Camphre 25%, Menthol 10%, HE de menthe 6%, HE de cajeput 7%, HE de cannelle 5 %, HE de clous de girofle 5%. Le reste est la base de massage, généralement de la paraffine. A signaler que le produit ancestral contenait de l’opium !
Les poids utilisés pour cet exercice :
Le CAMPHRE : nous réduirons fortement sa proportion pour nous rapprocher de la législation française qui le limite à 11 %. Nous pouvons le fournir gratuitement, pesé par 5,5 grammes, à nos membres. Les autres seront tributaires de la précision de leur moyen de pesée.
Le MENTHOL : (nous pouvons également en fournir 5 grammes) il cristallise à moins 22° C à partir de l’huile essentielle de menthe. Notre nouveau congélateur nous limite à moins 18°, il est sans doute plus économique, mais comme pour la fabrication du vinaigre distillé, nous ne pouvons nous empêcher de regretter l’ancien capable de moins 30°. Pour ne pas, lors de cet exercice, passer par un bain de sel réfrigérant ou un module à effet Peltier, nous vous proposons d’acheter votre menthol.
L’HE de menthe : les 3 grammes d’huile essentielle de menthe s’obtiennent sans problème par hydrodistillation [images 1 et 2] au séparateur d’huile, (se reporter à nos articles au sujet des huiles essentielles). La plante de menthe pousse très (trop) facilement. Nous ne ferons pas de choix parmi les différentes variétés, celle de votre jardin ou de celui d’un ami fera parfaitement l’affaire. Profitez de cette opération pour en produire une quantité plus importante, elle a de nombreux usages. Son rendement en HE est très variable, de 20 à 100 grammes pour 10 kg de plante.
L’HE de cajeput : on se procurera cette huile essentielle orientale dans le commerce. Après prélèvement à la pipette des 3,5 centimètres cube, il faudra comme pour les autres produits veiller à la bonne conservation du reliquat au frais et à l’abri de la lumière.
Les HE de clous de girofle et de cannelle, utilisées à raison de 2,5 centimètres cube chacune, seront obtenues par hydrodistillation des produits secs réduits en fins morceaux [image 3]. Pour ces deux produits il est préférable de porter brièvement à ébullition le ballon les contenant et de laisser ensuite reposer 24 heures pour « ouvrir » la matière et récolter ainsi plus d’HE. Nous préférons les petits morceaux à la poudre, ce qui ne dispense pas d’ajouter des petits fragments de pierre ponce au fond du ballon recevant le produit (voir nos précédents articles sur les huiles essentielles). C’est principalement pour ces 2 HE que cet article a été créé. En effet ces deux produits figurent parmi les quelques huiles essentielles dont la densité est supérieure à celle de l’eau.
Nous avons utilisé le séparateur d’huile pour les clous de girofle et un montage plus classique [image 4] pour la cannelle (dans ce dernier, les utilisateurs de tamis moléculaire reconnaîtront la réutilisation de la verrerie).
Pour les clous de girofle, l’écoulement du tube du séparateur d’huile (travail robinet ouvert) se fait dans un bécher gradué. On ajoute ensuite dans le bécher environ 150 à 200 grammes par litre, de sel marin. Cette opération, « le relargage ou salage » permet d’augmenter la densité de l’eau de façon à ce que l’HE surnage et se sépare en presque totalité, (il en reste souvent une petite proportion qui rend le liquide laiteux). La séparation totale faisant appel à un produit chimique inflammable et toxique, nous n’en parlerons pas plus. Le bécher est transvasé dans une ampoule de décantation [image5] dans laquelle on laisse suffisamment de temps au mélange pour se séparer avant de récupérer l’HE qui surnage [image6]. Contrairement à l’utilisation classique de notre séparateur d’huile (robinet fermé) où l’eau provenant de la vapeur retourne au ballon, en utilisation robinet ouvert, la vapeur est perdue. Le niveau d’eau du ballon est donc à surveiller et à maintenir (par le deuxième col du ballon).
Dans le cas de la cannelle, l’ébullition doit être maintenue très faible pour réduire ou éviter le passage de très fines particules rouges entrainées avec l’HE. Ces particules qui donnent son nom à ce baume n’ont que l’inconvénient de teinter la peau. Si l’opération est bien menée on voit le moment où seule de l’eau limpide sort du réfrigérant, sans se mélanger, ce qui signale la fin de la distillation. Le relargage permet, de la même façon que pour l’HE de clous de girofle, de récupérer la fraction qui surnage dans l’ampoule de décantation.
Réalisation du baume :
Il ne reste qu’à réunir dans un mortier [image 7] l’ensemble des produits selon les poids indiqués. Il faut ajouter et malaxer une base de votre choix pour obtenir un produit de la consistance désirée. Pour faire 50 grammes de baume, cette base représente donc 28 grammes. Pour ma part, j’utilise du beurre de KARITE [image 8] mêlé pour moitié à de la cire d’abeille qui est introduite juste en fusion dans le mortier au moment du malaxage. Celui-ci doit être très soigné pour bien répartir les constituants. La cire d’abeille donne plus de consistance au produit. Le baume se conserve de préférence au réfrigérateur, et s’il ne doit être utilisé que beaucoup plus tard, il est préférable d’ajouter lors du malaxage, 5 ou 6 gouttes de vitamine E pour éviter qu’il rancisse.
Notre rôle n’est pas de faire de la publicité, mais nous pouvons tout de même vous signaler un fournisseurs connu pour son sérieux.
AROMA ZONE www.aroma-zone.com
P. Melleret pour Les Amis de l’Alchimie